Le cami romiu
Le prieuré-hôpital de l’Espitau d’Arancou, ainsi que la commanderie de l’Espitau Nau, jalonnaient le grand itinéraire de Paris et de Tours en Galice ou encore la voix romaine de Bordeaux à Astorga, entre les cités de Dax et de Pampelune.
Elle se caractérise par une implantation en certains points, aux confins des villages ou à leur limite, par une cascade de carrefours, et par la commande qu’elle exerce sur les chemins vicinaux, en direction des autres villages.
Une première appellation au nord de l’hôpital d’Ordios donne la mesure, le chemin de l’Hôpital, autrement connu sous le nom de chemin des sorcières, dous broutches. il conduisait au chêne de Peyrelandère, carrefour du chemin de Saint-Jacques de Compostelle avec celui de Saint-Pé d’un côté, et celui du Pas de castaing de l’autre.
La frontière de Béarn empruntait ce carrefour sur la voie jacobite, coayrefort deu cami romiu e deu cami qui es de sant Per emfores e de qui emfores on los dus camis se encontren la romiu e la vie qui va au pas de Castanh.
Le carrefour de l’hôpital d’Ordios marque un autre repère essentiel de bornage, la frontière de Béarn et de Gascogne s’arrêtant au chemin des chapelains, so es assaber deu camin qui ba de Sendos enta l’espitau d’Urdius apperat lo camin deus caperans.
Un troisième carrefour intéressait directement le territoire d’Arancou, le cassa crosat, le chêne du carrefour, casso crosat sur le chemin de Bergouey, ou encore la croix d’Arancou sur le chemin d’Arancou aux chênes d’Arthous, précédant d’un bon kilomètre l’emplacement de la commanderie à la maison Lacoste.
D’après Guillaume Arnaud de Gramont, de Sorde, la ligne de bornage gagnait l’Espitau Nau en suivant le chemin de Saint-Jacques, assi cum ba la camin de Sent Jacme.
Une attestation de l’officiel de Pampelune précise qu’ils peuvent jouir librement des eaux et des pacages pour toutes sortes d’animaux, entrer, traverser, et séjourner dans toute l’étendue sans restriction.
Par donation datée du jeudi après l’Assomption 1301, jointe à cette attestation, l’évêque et le chapitre de Dax cèdent au commandeur et aux frères de l’Espitau Nau la moitié de la dîme de la nouvelle Bastide de Villefranche fondée neuf ans auparavant en Béarn, dans le désert de Lauhire, au diocèse de Dax qui englobait Arancou, Bergouey, Viellenave et les pays de Mixe-Ostabaret. Les bornes du Béarn s’arrêtaient aux terres gasconnes de Saint-Pé, Saint-Pé de Leren, Œyregave, Came et de l’Espitau Nau.
Une charte de 1282 met en scène toute la communauté hospitalière, frères religieux, mais aussi les sœurs et les donats, leurs auxiliaires, liés par des vœux à la commanderie, et réunis en chapitre conventuel.
Sabude cause sie a totz qui aqueste carte veyran ny audiran queus frays et las serores et los donats de l’Ospitau Nau de l’abescat d’Acx an prestat en bon diers condatz an Remon Ar. Sor. de Camer VIII ss. de boos morlaas blancx…
Frères, sœurs et donats de l’Ospitau Nau, dans l’évêché de Dax, prêtent à Raymond Arnaud, seigneur de Came, 800 sous de bons morlaas blancs en deniers comptant, et jouissent en contre-partie de toutes les landes possédées par la maison de Came, à l’exception du taillis et du bois bedat d’Aran, où ils ne peuvent pénétrer sans la permission du seigneur de Came. Il lui accorde en outre annuellement dix sous morlaas le jour de Noël pour ce droit d’usage et de pacage.
Le seigneur de Came remet ces dix sous sa vie durant comme aumone à l’établissement pour la rémission de ses péchés. Quant au prêt de 800 sous, il s’engage à le rembourser personnellement et intégralement, sans nul préjudice ni empêchement. Fait le 9 juin 1282 à l’Ospitau Nau, cautions Arnaud, seigneur de Gramont, Raymond Arnaud de Gabat, et Nabar seigneur de la Salle Jusan, en présence de tous les membres de la communauté hospitalière, totus conventus hospitalis, du prieur de l’hôpital de Bergouey, témoin, et sous le sceau du seigneur de Came, du seigneur de Gramont, et de Mgr. Arnaud, évêque de Dax.
Dans un acte de 1310 interviennent le commandeur et le chapelain de l’Espitau Nau, avec le clavier, dualité du commandeur gestionnaire de la commanderie, et du chapelain, caperan de Iespitau nau desservant de la chapelle de la commanderie.
Le seigneur de Came reconnait avoir reçu de leurs mains la somme de 1300 sous. Il leur donne en gage les landes de la tayllade avec le consentement de son père, seigneur de Sames. Les frères pourront recouvrer cette somme, dans le cas seulement où le seigneur de Came présentement vivant, ou un de ses successeurs, établiront un nouveau peuplement avec érection d’une église. Ils attendront sinon une période de cent ans. Le seigneur engage sa parole, sous peine de mille sous morlaas, la moitié pour le bayle de Hastingues, et l’autre moitié pour l’Espitau Nau.
Fait le 5 avril 1310, Edouard roi d’Angleterre, Guissar de Caupene, évêque de Dax, rédigé par Pey de Borce, notaire public de la bastide de Hastingues et de la prévoté de Dax.
L’enquête de 1372 indique une première borne au touron de Moncau, d’où la frontière atteignait le chemin de l’Espitau Nau à Came, entre lou cami qui ba de l’Espitau Nau entau au dit loc de Camer.
Une charge de 1296, interdisait au seigneur de Came d’affiéver les terres de Came depuis la Bidouze, la Croix sur le chemin de Came à Arancou : la crots doa cami qui ba du cami de came enta Aracouy, le ruisseau de Ber (l’arriou de Ber et le moulin d’Ordioz, jusqu’aux terres de Sorde et d’Œyregave).
Ce chemin de L’Espitau Nau à Came, est porté sur le plan cadastre au milieu des bâtiments de la maison Lacoste. Il va s’articuler avec celui de Casso Crozat à Came.
Le chemin greffé sur la maison Lacoste et la commanderie en direction de Came était aussi tributaire d’un gué de la Bidouze à la limite de la Navarre et d’Arancou, sous le nom de chemin dous Oumbres dans le quartier Arrambire.
L’histoire de son eglise et de ses deux hôpitaux résume bien l’origine et la création progressive d’Arancou, mais nous la compléterons au moyen de documents d’archives, où la vie des habitants, leurs litiges, marquent bien la volonté de tous de s’inscrire dans une histoire originale, voire indépendante des communautés voisines.